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Littérature
Arnaga : les lauréats du Prix littéraire des Trois Couronnes chez Edmond Rostand
Arnaga : les lauréats du Prix littéraire des Trois Couronnes chez Edmond Rostand

| Baskulture/Alexandre de La Cerda 1401 mots

Arnaga : les lauréats du Prix littéraire des Trois Couronnes chez Edmond Rostand

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Amoureux des livres et de la poésie emplissaient en nombre le grand salon d'Arnaga ©
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Amoureux des livres et de la poésie emplissaient en nombre le grand salon de la belle demeure d'Edmond Rostand à l'invitation du Prix littéraire des Trois Couronnes qui dévoilait son palmarès annuel. 

Une assemblée très représentative du monde culturel basque et gascon, le terroir fondateur : outre l'association des Amis d'Arnaga, on reconnaissait les dirigeants de la Sté Sciences, Lettres & Arts de Bayonne, des Amis de l'Orchestre Pays Basque, le Cercle Anglais de Pau, l'assoc. littéraire des Amis du Lac d'Hossegor, France Etats-Unis côte basque, AgurArménie, Culture Patrimoine Senpere, le délégué rég. de l'Ordre de Malte, et bien d'autres encore... 

L'adjoint à la Culture de Cambo, Robert Poulou, ainsi que celui de Bayonne, Yves Ugalde (lui-même lauréat de la compétition littéraire l'année dernière), prêtaient main forte au président du Prix des Trois Couronnes, Alexandre de La Cerda, secondé de son épouse Anne, pour récompenser les lauréats qui ont, chacun, reçu leur diplôme accompagné d'un carton de vin. Un sympathique verre amical à l'Orangerie (accompagné de tartes "Amandines" selon la recette de Cyrano) concluait la soirée. 

Prix du Roman à Blandine Brisset pour "Retour au Poilus-Palace"

Blandine Brisset Robert Poulou et A. de La Cerda.jpg
Blandine Brisset, Robert Poulou et A. de La Cerda ©
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"Mon cher poète et mitrailleur, je vous remercie de m'avoir envoyé votre acte vibrant, pittoresque, et plein de mouvement ; vos rimes crépitent comme vos balles, le vers passe comme un ruban de cartouches ! et il m'est bien doux que ce Cyrano des Tranchées avait été joué sur un théâtre Chanteclair, au front. Double souvenir dont je suis plus fier que je ne saurais le dire ! Etre un petit peu dans vos cœurs héroïques, si humble que mon cœur, voilà qui me réconforte et me donne la force de supporter vos épreuves, vos dangers, d'attendre votre retour victorieux… Croyez, mon cher poète, vous et vos camarades, à mon admiration fervente, à ma reconnaissance de tous les  instants. Votre Edmond Rostand Paris 28 mars 1918"

Cette lettre avait été écrite à Joseph Suberville, jeune mitrailleur, poète à ses heures, qui avait fait représenter à Verdun « Cyrano aux Tranchées », pièce qu’il avait composée en hommage à celui qu’il considérait comme son maître, Edmond Rostand : dans l’atmosphère lourde de la nuit où la moindre lueur alerte l’ennemi, Cyrano redescend de sa lune et se retrouve face à un simple Poilu qui monte la garde au bord de sa tranchée. C’est la rencontre improbable entre le personnage emblématique du panache français et "un soldat comme il en fallait".

Et c’est autour de cette rencontre d’un Poilu de 14-18 avec Cyrano de Bergerac que Blandine Brisset a bâti son roman "Retour au Poilus-Palace" : le héros, Théobald Chantrezac, avait assisté au spectacle offert aux Poilus, à l’occasion de la fête nationale, le 14 juillet 2017, en prenant des notes afin de le rejouer à sa compagnie. 

Que s’est-il passé au Poilus-Palace, véritable havre de paix pour les permissionnaires en transit à la gare de Dijon ? Qui est la vaillante Marie, réservée et dévouée auprès des soldats qui partent ou reviennent du front, au Poilus-Palace ? Quelle sera l’histoire de son descendant, Ferréol, qui découvrira ainsi l’existence d’une branche entière de sa famille ? Entre deux époques, Blandine Brisset entraîne le lecteur dans un drame familial passionnant qui lui vaut le prix du roman !

Prix pour l'ensemble de son œuvre à Marie-Luce Cazamayou

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Marie-Luce Cazaumayou représentée par sa fille ©
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Ayant enseigné les Lettres dans plusieurs lycées, dont celui de Saint-Cricq à Pau, Marie-Luce Cazamayou «croque la vie et les mots » - Un appétit de vivre qui se manifestait déjà dans son ouvrage « Saint-Antoine, Faites qu'on ait la télé ! » publié chez Cairn, et « Arrière-saison », avec une société locale béarnaise si bien croquée à l'époque des années 80/90, lorsque les villages se dépeuplaient, sans curé ni instituteur, et les maisons se vidaient... 

Et pourtant, les traditions locales se maintiennent, avec leur parler aux racines béarnaises, la chasse à la palombe, un arôme de cèpes et de salmis émanant de ses écrits. Car, de la « célébration du foie gras » au vin de Madiran, ses « recettes pyrénéennes » au fil de « promenades gourmandes en Béarn et Pays Basque » constituent des livres de référence dans le domaine gastronomique, tout comme ses récits « des pierres au gave », souvenir de la maison Cazamayou, famille de tailleurs de pierres à Laàs qui, les siècles derniers, exploitait une carrière à proximité du gave. 

Prix de l'essai à Robert Mestelan pour sa série de livres sur les pèlerinages

Robert Mestelan reçoit son prix.jpg
Robert Mestelan reçoit son prix ©
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Des pèlerinages qu'il a effectués à pied, depuis ce premier "Voyage d'hiver" effectué en 1995, il y a vingt ans, le premier d'une longue série qui l'amèneront, par la suite, à parcourir plus de 20.000 Km à travers la France et l'Europe, et dont il publiera les récits colorés, émaillés de nombreuses rencontres et abondant en passionnants détails. C'est d'une ancienne famille de Villefranque qu'est issu le colonel (ER) Robert Mestelan : son père, quatrième garçon de la fratrie, partit d'abord travailler au Chili, chez des amis, avant de reprendre le bateau pour la France, comme beaucoup de jeunes basques, au déclanchement de la guerre de 14.
Engagé au 49ème RI de Bayonne et blessé au "Chemin des Dames", il fut soigné par une jeune infirmière qui devint son épouse : ils s'installèrent à Lahonce et donnèrent naissance à une nombreuse fratrie. 
- L'aîné, Jacques, fut très actif au sein du "mouvement eskualerriste" fondé dans les années trente par l'abbé Lafitte, avec un groupe de jeunes comme Pierre Amoçain, Eugène Goyheneche, Jean Dubosq, les frères Diharce et quelques autres : "suivant avec passion le cours d'Histoire du Pays Basque - qu'on appelait en réalité "cours d'Histoire régionale"- qu'il nous donnait, j'ai, grâce à lui, compris ce qui faisait la force et la grandeur de notre Euskal Herri"
- Un autre frère, Jean, fut élu à Lahonce comme "plus jeune maire de France en 1951" !
- Quant à Robert Mestelan, le père du mécène et collectionneur Olivier (nouveau propriétaire du château d'Arcangues), dernier de cette famille de huit enfants, il débuta ses études au collège du "Petit séminaire" à Ustaritz (son témoignage avait été publié à l'occasion du centenaire, marqué l'année dernière, de la pose de la première pierre cette remarquable institution éducative, si injustement attaquée de nos jours...

L'universitaire basque Eguzki Urteaga pour l'ensemble de son œuvre

Les remerciements de l'universitaire basque Eguzki Urteaga.jpg
Les remerciements de l'universitaire basque Eguzki Urteaga ©
Les remerciements de l'universitaire basque Eguzki Urteaga.jpg

Il y a bien longtemps, d'ailleurs, que le Prix littéraire des Trois couronnes aurait dû inclure dans son palmarès ce sociologue-historien qui a consacré tant d'écrits au Pays Basque, en matière linguistique, politique, sociologique et historique : son ouvrage sur les "Médias en Pays Basque" est particulièrement représentatif de la qualité et du caractère très complet de ses recherches, par exemple son étude remarquablement détaillée sur Radio-Adour-Navarre. 

Chercheur associé au Centre de recherche sur la langue et les textes basques Iker, laboratoire du CNRS depuis 2003, l'année où il sera chargé de cours à l'université Michel de Montaigne-Bordeaux 3 et à l'université de Pau et des Pays de l'Adour, Eguzki Urteaga est actuellement professeur de sociologie à l'université du Pays Basque de Vitoria/Gasteiz. 

Lauréat de la Ville de Bayonne associée à Eusko Ikaskuntza, Eguzki Urteaga a présidé la section Iparralde / Pays Basque nord de la Société universitaire basque pendant plusieurs années en lui imprimant un dynamisme remarquable et en faisant coopérer plusieurs villes pour des actions communes, en particulier sous la forme d'attribution de bourses ou de prix.

Germinal Rameau, Marielle Pujoulade et Anaïs Delhorbe se partagent le Prix de poésie

Sous l'égide de Cervantes, Shakespeare et Victor Hugo, les écrivains préférés d'Edmond Rostand dont les bustes ornent le jardin de la Villa Arnaga, le Prix des Trois couronnes revient cette année à trois poètes dont nous publions ci-après les premiers quatrains (les poèmes dans leur entier avaient été publiés dans notre "Lettre" de la semaine dernière) : 

Yves Ugalde, adjt à la Culture Bayonnais remet son prix à G. Rameau.jpg
Yves Ugalde, adjt à la Culture Bayonnais remet son prix à G. Rameau ©
Yves Ugalde, adjt à la Culture Bayonnais remet son prix à G. Rameau.jpg

Landes de Germinal Rameau 
Quelle est cette région qui s'est évaporée 
Dans le chœur lancinant de l'immensité creuse 
Et qui a soutenu la forêt amoureuse 
Quand le néant l'avait tendrement rejetée

L’Âme du Pays Basque de Marielle Pujoulade 
Là-haut, sur les sommets des belles Pyrénées, 
Où l’âme des anciens guide les destinées, 
S’élève vers le ciel, plus pur qu’un diamant, 
L’irrintzina sacré, ce cri vif et perçant.

Sous le ciel de Gascogne d'Anaïs Delhorbe 
Au creux des vallons d’or, et sous l’ombre des chênes, 
Où le vent des coteaux, fait danser les épis, 
S’étire la Gascogne, et ses teintes sereines, 
Terre d’orgueil et de feu, aux éclats assoupis.

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